Fouillé dans le cadre du projet collectif de recherche sur les ports antiques de Narbonne, le secteur marécageux de Mandirac et du Castélou livre des données essentielles sur l'embouchure du fleuve Aude. Large d'une cinquantaine de mètres pour une profondeur de 3,50 m minimum, le cours d'eau est encadré par deux jetées. D'une emprise de 15 à 25 m, elles sont aménagées par l'apport de mètres cubes de matériaux et de milliers de pieux en bois qui viennent renforcer leurs berges. C'est sur ce système de quais que s'organisent le déchargement de bateaux à fort tirant d'eau et le transfert des marchandises sur des barques ou des charrettes qui assurent le lien avec la cité. En effet, tous les navires ne remontaient pas le fleuve jusqu'à la ville et certains produits étaient transvasés sur des embarcations plus légères. Cette manutention nécessitait des lieux de stockage. Un bâtiment de 7,60 m de large pour au moins 18 m de long a été mis en évidence sur un des quais du Castélou, rive droite. Il avait très certainement un rôle d'entrepôt mais aussi une fonction administrative pour le contrôle des marchandises.
À partir du IVe s. de n. è., de nouveaux travaux sont nécessaires pour consolider cette embouchure, mise à mal par un fleuve impétueux. La zone de Mandirac est révélatrice des difficultés à maintenir le cours d'eau dans son lit. Les réfections de l'Antiquité tardive y sont monumentales, avec l'apport de très nombreux blocs pour surélever et consolider les quais. Un bateau, large d'environ 3,20 m à l'une de ses extrémités, est volontairement coulé pour reconstruire une digue (zone 26). Évalué à environ 13 m de long, il transportait des amphores d'Afrique, de Bétique et de Lusitanie, illustrant le rôle de Narbonne dans le commerce entre les différentes provinces de l'Empire.
Suivis sur 1,7 km, ces quais semblent disparaître vers le nord-est. Les prospections géophysiques ne repèrent pas de continuité ce qui laisse supposer que seule l'embouchure a nécessité de grands travaux.
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