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Le débarcadère de Port-la-Nautique
Charlotte Carrato  1@  , Olivier Ginouvez  2@  , Corinne Sanchez  1@  
1 : Archéologie des Sociétés Méditerranéennes  (ASM)  -  Site web
INRAP, Ministère de la Culture et de la Communication, CNRS : UMR5140, Université Paul Valéry - Montpellier III
390 av de Pérols - 34970 LATTES -  France
2 : Institut National de Recherches Archéologiques Préventives  (INRAP)  -  Site web
INRAP
7, rue de Madrid 75008 Paris -  France

Aujourd'hui, Port-la-Nautique est un port de plaisance situé à 4 km au sud de Narbonne, au nord des étangs de Bages et Sigean. Dès 1914, H. Rouzaud envisage La Nautique comme l'un des principaux débarcadères de Narbonne antique, connu depuis longtemps sous le nom de Port des Galères ou de Capelles. La chronologie du site de Port-la-Nautique correspond à la période pendant laquelle le vin de Catalogne remplace les importations de vins d'Italie. Port-la-Nautique est donc un débarcadère en grande partie tourné vers le commerce du vin. Des entrepôts à dolia, fouillés en 2010 par O. Ginouvez (Inrap), mesurent une centaine de mètres de long sur une trentaine de large, les plaçant parmi les plus importants du monde romain. Les fouilles récentes menées à Port-la-Nautique ont également révélé des fours de potiers adossés aux entrepôts, au plus près du rivage. Ils ont pu produire des matériaux de construction pour l'agglomération portuaire, mais également des amphores pour le reconditionnement des produits et des gobelets à parois fines, peut-être destinés à l'exportation. Ces fours constituent une découverte inédite qui ouvre de nouvelles perspectives : leurs productions étaient-elles liées au conditionnement du vin stocké en vrac dans les dolia ou des fruits de mer préparés en saumure dans les bassins qui sont visibles le long de la route ?

À proximité de ces fours, une dépression d'au moins 480 m2 pouvant atteindre 3,50 m de profondeur est comblée par des coquillages : les huîtres étaient particulièrement appréciées à l'époque romaine et faisaient l'objet d'exploitation. L'amas de coquilles ne permet pas de fouiller cet important creusement proche des entrepôts mais ces découvertes attestent la multiplicité des activités au sein de cet espace portuaire et donnent à Port-la-Nautique une nouvelle dimension : outre l'exportation des sigillées sud-gauloises et l'importation des amphores de Tarraconaise, le transport du vin en vrac, la fabrication de céramiques et l'exploitation industrielle des fruits de mer sont mis en évidence. Les activités de production sans doute en partie liées au conditionnement des produits constituent une découverte majeure qui modifie notre vision du système portuaire. Port-la-Nautique peut donc bien être qualifiée d'agglomération portuaire avec des espaces publics, des entrepôts, l'exploitation des ressources littorales et des activités artisanales correspondant à la production céramique.

Les causes de l'abandon de Port-la-Nautique restent encore inconnues. Au départ proche d'une embouchure qui devait se situer au niveau de l'anse de Montfort, les difficultés d'accès dues à l'ensablement corrélées avec une évolution du commerce ont sans doute rendu caduques les installations de la Nautique et pourraient expliciter la désertion de ce lieu. La zone du Castélou, qui prend le relais, paraît pourtant bien problématique : l'ensablement y est conséquent et exige un entretien régulier. Elle permet cependant d'accéder depuis les lagunes à la voie fluviale en canalisant l'embouchure.

 



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