Des récentes découvertes archéologiques effectuées dans la Lagune de Venise ont donné une nouvelle impulsion au débat, jamais tout à fait apaisé, sur les origines de la ville des Doges et, plus généralement, sur les dynamiques d'anthropisation des espaces lagunaires antiques. Les données disponibles, nécessairement partielles et lacunaires étant donné le milieu dans lequel les archéologues se trouvent à opérer, ont mis en évidence une réalité archéologique insoupçonnée pour la période antique il y a quelques années. Toutefois les incohérences et les discordances qui divisent la communauté scientifique ne manquent pas. En effet un certain nombre de chercheurs considère la plupart des découvertes comme des simples épandages de mobilier dont la formation ne serait pas forcement attribuable à l'époque romaine.
Parmi les vestiges mis au jour, il est particulièrement intéressant d'aborder le cas de certains aménagements constitués généralement d'un coffrage en bois associé à des niveaux de remblai parfois soutenus par des lits d'amphores. L'un des aspects plus problématiques soulevés par ce type d'installations concerne leur datation. En effet, il n'est pas rare de constater, au sein de la même structure, un hiatus chronologique parfois très important entre les différentes composantes structurelles. La fonction de ces aménagements demeure difficile à définir à cause de leur état de conservation toujours fragmentaire. Les profondes mutations morphologiques subies par la Lagune au fil des siècles ne permettent d'ailleurs pas de mettre en relation ces vestiges avec la configuration topographique et hydrographique actuelle.
L'existence d'infrastructures antiques consacrées à la bonification et à l'exploitation des espaces lagunaires semblerait tout à fait justifiée si on la confronte avec toute une série de traces d'occupation, souvent liées à l'activité portuaire. Les sources, de leur côté, nous renseignent à propos d'un paysage côtier tout à fait singulier, réglé par le cycle des marées, où les échanges, les commerces et, en général, les activités humaines sont vectorisés par un réseau de cours d'eau en partie naturels et en partie artificiels.
C'est d'ailleurs en bordure de la Lagune, non loin de Venise, que l'on trouve l'un des centres majeurs de la Venetia maritima, Altinum, auquel les installations lagunaires sont peut-être strictement reliées. La physionomie amphibie de la ville, déjà stigmatisée par Vitruve et Strabon, a été récemment confirmée par une étude qui, à travers l'analyse d'images aériennes, a mis en lumière un cadre urbain jusqu'à présent juste soupçonné, semblable par ailleurs au niveau du plan et des dimensions à celui d'Aquilée.
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